Les premiers pas de syndicalistes CFDT chez Cesbron-Dalkia abonné

Les salariés de l’entreprise Cesbron, vieille de plus d’un siècle, ont désigné en mars  2018 leurs premiers représentants syndicaux… des militants CFDT !

Par Dominique Primault— Publié le 16/08/2018 à 07h08

image

L’immeuble est magnifique. La façade bardée de bois, flanquée sur un côté d’une structure ovoïdale faisant office de salle de réunion, le tout posé sur un petit plan d’eau où évoluent des poissons rouges. En érigeant son siège social le long de l’autoroute qui ceinture la ville d’Angers, l’entreprise Cesbron a voulu montrer, aux yeux de tous, son esprit novateur. C’est indéniablement le cas eu égard à son activité, le froid. En quelques décennies, elle a troqué l’installation de petits frigos dans les locaux d’artisans bouchers pour l’équipement en climatisation, ventilation et système de refroidissement de grandes surfaces ou d’industries agroalimentaires. Une orientation qui l’a propulsée au rang des acteurs incontournables du secteur, avec près de 900 salariés. Ces longueurs d’avance sur la concurrence, exposées de façon spectaculaire, on ne les retrouvait pas en ce qui concerne le dialogue social lorsque la première pierre du bâtiment a été posée, en 2009. « Les choses ont bien changé depuis, insiste Éric Hardouin, le délégué syndical CFDT. Nous sommes passés d’une gestion très paternaliste à travers laquelle les organisations syndicales n’avaient pas droit de cité à une entreprise où les dirigeants les considèrent comme des interlocuteurs nécessaires. »

Deux trop longues années d’incertitude


Les élections, tremplin syndical
C’est une évidence, mais il est bon de le rappeler. Les élections professionnelles marquent souvent le début d’une aventure syndicale dans une entreprise. En 2018, à la faveur d’un rachat, elles ont permis de monter une section CFDT chez Cesbron, là où les organisations syndicales n’étaient pas les bienvenues depuis plus d’un siècle !

Être acteur de sa vie professionnelle
Les militants CFDT de Cesbron ont insisté sur ce point pour « recruter » de nouveaux adhérents : alors que l’entreprise s’apprêtait à vivre de profonds changements, le syndicalisme permet de faire entendre la voix des salariés auprès d’une direction plus sensible au dialogue social.

Le défi du développement
Entre les exigences liées au rôle d’élu du personnel dans le comité social et économique de l’entreprise et la nécessité de faire vivre une section CFDT qui vient de voir le jour, le défi est de taille pour de nouveaux militants. Ils apprécient de pouvoir compter sur le soutien du Syndicat des métaux et sur les outils mis à disposition par la Confédération. « Il faut être curieux mais l’info est là et elle est de qualité, insiste Christophe Thiery, chef de projet informatique. Par exemple sur les ordonnances : le document présentant le texte in extenso et les avis de la CFDT sur chacun des points est très utile. »

Fin 2017, une poignée de salariés s’engouffrent dans la brèche volontairement ouverte par la nouvelle direction et créent une section CFDT. En moins d’un mois, elle passe de quatre adhérents à… 36 ! Inimaginable deux ans plus tôt. Cette volte-face, on la doit à l’histoire récente de Cesbron. En 2015, l’entreprise angevine rejoint, au terme de longs atermoiements, le groupe Dalkia, filiale d’EDF. « Aucun des enfants du président Jacques-Antoine Cesbron, petit-fils du fondateur, ne voulait reprendre l’affaire familiale quand il a annoncé son intention de se retirer en 2013, se souvient Éric. C’était un industriel dans l’âme. Il n’était pas question de vendre son entreprise à un fonds de pension. » Pendant deux ans, l’inquiétude gagne les rangs des salariés. À quelle sauce allaient-ils être mangés ? Toutes les activités seraient-elles reprises ? Et si certains d’entre eux restaient sur le carreau ? « La conjoncture n’était pas favorable, rappelle Christophe Thiery, élu CFDT du tout nouveau comité social et économique (CSE). Nous traversions une période de crise. Autour de nous, nos concurrents se rachetaient les uns les autres. Nos dirigeants n’avaient pas fait les choix les plus judicieux. Ils s’étaient tournés vers le marché des particuliers et le boom des énergies renouvelables alors que l’État revoyait ses soutiens à la baisse et qu’un grand nombre de petites entreprises se lançaient sur le même créneau. » Deux ans d’incertitude dans un tel contexte, « c’est long, beaucoup trop long ! », soupire Christophe.

Lorsque l’intérêt de Dalkia à l’égard de Cesbron se manifeste, c’est un soulagement pour tout le monde. Du haut de ses quarante-deux ans d’expérience dans l’entreprise, Éric voit rapidement l’intérêt de ce ticket. « La complémentarité entre les deux était évidente. Dalkia intervient sur le chaud, nous sur le froid. Avec sa force de frappe, ce groupe, qui compte plus de 11 000 collaborateurs, pouvait nous ouvrir des portes qui nous étaient fermées jusque-là. Cette annonce a été une bouffée d’oxygène pour tous les salariés ! » Elle crée aussi chez certains d’entre eux l’envie de s’investir davantage dans la vie de l’entreprise. « Nous savions que des changements se préparaient et nous voulions en être les acteurs », résume Christophe. Mais cette fois, pas question de monter au créneau sans le soutien d’une organisation syndicale. Éric, Christophe ainsi que Sonia Morin et Élisabeth Besnault se lancent dans l’aventure. « Tous les élus du personnel dispersés dans nos 60 agences réparties dans toute la France étaient sans étiquette. Nous les avons contactés un par un pour organiser une réunion en visioconférence sur l’idée d’entrer dans une logique syndicale », explique Élisabeth. Premier…

Pour continuer de lire cet article, vous devez être abonné.

s'abonner

Déjà abonné ? Connectez-vous